Segment 1 : Introduction
Miriame : Allô? Laurie? Alex? Bon, ben je vais y aller d’abord…
Allô allô à toutes avec un criss de gros E à cause c’est toujours ben la base essayer d’inclure tout l’monde! Pour celleux qui nous écoutent pour la première fois, Toutes ou pantoute, c’est un peu comme ces TikTok qui mettent en scène de façon beaucoup trop accurate un aspect de ta vie de personne avec des enjeux de santé mentale quand t’essaie juste de scroll ton anxiété away. La majeure partie du temps, c’est fucking drôle, des fois ça fait chier, mais criss que c’est on point.
Pour nos habituéEs, this is a take over! Si tu ne reconnais pas ma voix, c’est que tu n’écoutes pas les épisodes jusqu’à la fin. Joke aside, Laurie et Alex ont décidé de me passer le flambeau pour parler du droit à la colère. Le concept un peu flou, difficile à saisir de céder la parole… ben c’est ce qui se passe drette-là!
J’ai eu le privilège de m’entretenir avec Maya Cousineau Mollen, femme, poétesse, innue, militante, un peu, dans l’âme et Joli-Ann Brazeau, femme, maman, algonquienne et personnalité publique qui fait jaser, as she should. Donc, nous serons trois femmes respectivement autochtones et haïtiennes montréalaises autour d’un micro pour vous parler de colère. Mais n’ayez crainte : Laurie et Alex ne sont pas très loin.
Ici Miriame Gabrielle Archin en direct de Tunis et vous écoutez ToutEs ou pantoute!
Segment 2 : Entrevue avec Maya Cousineau Mollen et Joli-Ann Brazeau
Miriame : Aujourd’hui, pour mon premier épisode officiel avec ToutEs ou pantoute, je reçois…
Maya : Maya Cousineau Mollen, innue, basée principalement sur la Côte-Nord, je travaille pour une firme d’architecture comme conseillère en développement communautaire Premières Nations et Inuit. Je suis également écrivaine, j’ai publié un conte pour enfants durant le temps des fêtes et mon deuxième recueil de poésie devrait sortir au printemps. J’ai fait mon baccalauréat en sciences politiques et études amérindiennes et j’ai été adoptée de façon coutumière par une famille de Québécois, mais j’ai toujours été en contact avec ma famille.
Miriame : Ainsi que…
Joli-Ann : Joli-Ann, j’habite à Montréal présentement, mais je suis membre de la nation Anishnabe du Lac Simon, donc en Abitibi. Malheureusement, je n’ai jamais grandi dans ma communauté, j’ai grandi dans les centres jeunesses à Montréal.
Miriame : Ces grandes femmes de caractère et qui ont beaucoup de choses à dire m’accompagneront afin de naviguer le droit à la colère.
First thing first : c’est quoi la colère? Personnellement, je trouve que notre relation à la colère est du domaine public, malheureusement, dans la mesure où elle est instrumentalisée afin de soit nous déshumaniser ou de nous gaslighter, notamment par le stéréotype de la angry black woman, qui nous empêche à nous, en tant que femmes noires, d’exprimer notre mécontentement sans se faire catégoriser comme étant agressives ou difficiles. Les filles, corrigez-moi si je me trompe, mais j’ai l’impression que de l’autre côté, parait-il que toutes les raisons sont bonnes pour lancer au visage des femmes autochtones qu’elles sont des sauvages qui ne savent pas se tenir, enfin bref, let’s dive in avec une première question. J’aimerais savoir, en fait, quelle place prend la colère dans vos vies, pis avec quoi, de manière générale, votre colère est-elle en relation, pis comment vous la vivez, en fait.
Maya : En fait, moi la colère se retrouve dans ma poésie, dans mon premier recueil, Bréviaire du matricule 082, et semble se poursuivre aussi dans le deuxième recueil, à ce qu’on m’a dit. C’est une façon pour moi d’exprimer mon indignation face à ce qui se passe au Canada, face à la colonisation, face à la situation des femmes autochtones au Canada, aux enfants des 60s scoop, au racisme rampant qu’on peut parfois rencontrer. Souvent, la poésie est un outil moins intrusif et va rejoindre des gens et va aller chercher quelque chose que peut-être, moi, j’ai pas vu, et par la suite, quand ils viennent me parler, ça peut être le moment pour introduire certaines connaissances, certains constats, certaines réalités des Première Nations. Comme on le sait, dans la société, la colère est jamais bien vue.
Miriame : Ça, c’est vrai.
Maya : Encore moins quand t’es autochtone, et je viens d’une femme où on nous a pas appris à gérer la colère, alors j’ai pas encore trouvé la manière idéale, mais pour le moment, j’essaie la poésie.
Miriame : C’est vraiment nice, merci.
Joli-Ann : C’est le plus grand défi, l’émotion la plus forte, je dirais, que j’ai moi aussi à gérer. J’ai vraiment de la difficulté à gérer ma colère, mais par contre, la colère, ça m’a permis de mieux comprendre mon histoire, d’où je venais, parce qu’en fait, moi, ça fait pas très longtemps que j’ai reconnecté avec ma culture, puis mon identité autochtone, pis vraiment, quand j’ai réalisé d’où je venais, ça a vraiment été choquant pour moi. La colère, ça m’a plongée dans des situations où je me suis autodétruite parce que j’étais tellement en colère. J’ai pas peur de le dire, j’ai eu des problèmes de consommation, beaucoup d’alcool, ça me sombrait vraiment dans des mauvaises situations. Aujourd’hui, la colère, pour de vrai, c’est une émotion vraiment importante à vivre parce que, comme je disais tantôt, ça me permet vraiment de comprendre d’où je viens, puis de réaliser tous les traumas que je porte, les traumas intergénérationnels que je porte.
Miriame : Merci, vraiment, pis t’sais, j’ai envie de répondre à ça qu’un des aspects du racisme systémique, c’est qu’on a pas nécessairement les bons outils pour naviguer cette colère-là, fait que merci beaucoup de nous partager ça. Juste pour approfondir, je voudrais savoir comment vous naviguez cette colère en lien avec vivre dans une société dont les mœurs et la structure nous rappellent sans cesse que nous sommes indésirables. Je trouve personnellement que c’est une colère vraiment particulière de vivre dans une société qui a été fondée, en fait, sur les souffrances de nos ancêtres et qui, à ce jour, refuse de la reconnaître ou de faire de quoi avec ça. Je voulais savoir c’est quoi votre parcours avec ce type de colère en particulier.
Maya : Je me rappelle de deux événements distincts. Il y a un St-Hubert dans la communauté de Uashat Mani-utenam, depuis que je suis toute jeune, ils sont gossants avec les cartes de statut autochtone parce que comme on est sur le territoire de la communauté, j’avais le droit d’utiliser ma carte pour pas avoir les taxes sur le repas. Une fois, je suis arrivée avec ma mère québécoise et ma sœur québécoise et j’attendais qu’on me serve et personne est venu me voir, donc j’ai pigé dans l’assiette de ma sœur. Quand est venu le temps de payer, j’ai donné ma carte en disant « Voilà pour la facture ». La serveuse avait déjà une figure peu accueillante et elle a dit : « Je sais pas si je peux la prendre, je sais pas si j’ai le droit. » Je lui ai dit : « Ben, tu vas la prendre, ça t’enlève rien. Qu’est-ce que ça t’enlève, toi? » Pis à un moment donné, elle a sorti : « Ça enlève l’argent du gouvernement. »
Miriame : My god.
Maya : C’est l’argent du gouvernement. (Rires) Fait que là, elle me sort : « C’est toi, la raciste! » J’ai dit : « Pardon? Si j’étais raciste, la madame à côté de moi pis l’autre madame qui est là, là, ça serait pas des blanches! C’est ma mère et ma sœur, fait que pour le racisme, on repassera. » Je lui ai demandé : « Elle est où ta gérante? » Elle m’a montré où elle était, pis j’ai été la voir et j’ai dit : « Écoutez, je suis tannée de ce comportement de merde là, ça fait depuis que je suis enfant que je viens ici, que vous me faites ces crises-là. Vous êtes sur le territoire des Innus, pis si vous fonctionnez, c’est qu’en général, y’a beaucoup d’Innus qui viennent manger chez vous! »
La deuxième, j’étais à l’aéroport de Dorval et moi et ma mère québécoise et ma sœur québécoise, on s’en allait en France, et ma mère a un pacemaker. On a présenté à tous les gardiens qu’on a vu la carte qui permet à ma mère de se pas être obligée de passer par le détecteur de métal. Ben écoute, y’a quand même une crétine qui a réussi à demander à ma mère de se lever de sa chaise roulante et de passer dans le détecteur de métal! J’ai dit « C’est quoi cette affaire-là? On vous l’a dit je sais pas combien de fois que ma mère pouvait pas passer là! » J’étais vraiment en maudit, j’ai dit : « C’est quel genre de formation qui vous donne, c’est une formation à rabais? Vous êtes pas capables de communiquer entre vous? » Je sais que c’est pas la place pour péter un plomb, l’aéroport… Y’a un monsieur qui vient me voir, il semblait être un des superviseurs des équipes, il dit : « Là, madame, on se calme, sans ça, on va vous amener dans une pièce, pis ça va être plate. De toute façon, vous êtes bien canadienne? » J’ai dit : « Comment, je suis Canadienne? Je suis Amérindienne! » Il s’est sauvé, je l’ai jamais revu.
Miriame : (Rires) Excellent!
Maya : Donc oui, la colère, souvent, ça m’en prend beaucoup pour la sortir, mais quand elle sort, j’essaie toujours, justement, d’avoir le ton vindicatif, mais de pas hurler.
Miriame : Juste par rapport à ce que t’as dit, au fait que de péter ta coche dans un aéroport, c’est pas nécessairement le meilleur endroit, sauf que t’sais, je doute qu’une femme blanche aurait eu ce genre de raisonnement. Je suis « contente » que tu aies pu, à ce moment-là, laisser la place à cette colère-là de sortir pis de l’exprimer, contrairement aux nombreuses situations où on a pas le choix de l’étouffer.
Joli-Ann : Pour revenir à ta question, Miriame, en fait, la colère, comment moi, je la vis, j’ai l’impression que, moi, je suis une fille qui est très très proche de ses émotions, mes émotions vont souvent dicter mon comportement, pis ça me prend pas de temps pour me fâcher, ça se voit, je suis très expressive…
Miriame : (Rires) Oui, oui, j’ai écouté, j’ai suivi!
Joli-Ann : (Rires) Pis ça, ça a choqué beaucoup, j’ai vraiment l’impression que je me suis fait juger, que les québécois ont été vraiment durs envers moi, particulièrement, je vais mettre l’hypothèse que c’est parce que je suis une femme autochtone. Les autochtones ont été le peuple invisible pendant des décennies, ont a même pas le droit d’exprimer notre identité culturelle, pis ils ont essayé de nous écraser, de nous mettre sous silence, pis on dirait que les québécois ont de la misère à accepter cette image-là de la femme forte, de la femme avec du caractère, qui dit ce qu’elle pense. J’ai l’impression que cette image-là est malheureusement pas acceptée par les québécois, parce que moi, j’ai réagi d’une certaine façon, pis une personne blanche aurait réagi de la même façon que moi pis elle se serait fait moins juger, pis juste ça, ça vient vraiment me chercher pis ça me met vraiment en colère. C’est quelque chose que j’essaie vraiment de gérer, mais qui est pas facile.
Maya : J’ai aussi une petite théorie dans ce sens : comme on a tellement été vu comme des enfants, comme des gens qui sont à la botte de l’État, qui dépendent de ce que la société dominante fait, en théorie, on aurait pas le droit de gueuler ou d’être en colère parce qu’on devrait être éternellement reconnaissants. Mais de la crise d’Oka à maintenant, je trouve qu’il y a beaucoup d’amélioration, de volonté de mieux comprendre.
Miriame : Même si on est des personnes relativement politisées, ce que les gens qui ne sont pas nécessairement dans les communautés ne réalisent pas, c’est que c’est un apprentissage pour nous aussi, t’sais. Au fur et à mesure, quand j’ai commencé à être politisée, plus je lisais pis plus j’en apprenais, je me disais : « Oh my god, c’est tellement wrong », pis plus l’idée que y’a une version de moi qui croyait dur comme fer, par rapport à certains trucs, était tellement, ça m’a comme un peu blowmind à quel point c’et insidieux, à quel point c’est profond pis que justement, on s’en rend pas compte, qu’on soit une personne concernée ou qu’on le soit pas, pis c’est vraiment un détail important à nommer. Par rapport à ça, justement, ça va me donner le pont pour mon autre question. Le processus de guérison, on va s’entendre que c’est quelque chose d’extrêmement complexe, pis c’est quelque chose qui peut être vraiment laid, pis moi, personnellement, je considère que travailler en solidarité avec quelqu’un et être en mesure de guérir de traumas intergénérationnels, c’est deux trucs différents. Je considère que ça a pas la même profondeur dans comment ça impacte chacune des personnes dans chacune des communautés, pis je voulais savoir si vous vous considériez qu’ensemble, qu’en tant que communauté noire et communauté autochtone, au-delà de juste marcher un à côté de l’autre, est-ce que vous considérez que ce serait possible de s’entraider à guérir des traumas générationnels vraiment profonds?
Joli-Ann : Moi, je pense que c’est une guérison qui va prendre des décennies, même après notre mort. C’est aussi d’éduquer nos enfants, on a beaucoup d’amis de toutes sortes de nationalité, mais noirs particulièrement. De favoriser la sensibilisation, de se guérir en éduquant.
Miriame : C’est très bien dit, pis je pense que puissant est le mot. Maya, pour ta part?
Maya : J’ai été impliquée dans l’affaire Kanata, avec Robert Lepage et Ariane Mnouchkine et y’a eu également Slav qui avait fait les manchettes. J’aurais été curieuse et intriguée de savoir comment cela aurait été si on s’était alliés, ou au lieu de s’en tenir chacun à notre visibilité ethnique… t’sais, les gens de Slav faisait leurs choses, pis nous, on faisait aussi différentes approches, un dialogue avec Robert Lepage. Ce qui m’a un peu, pas dérangée, parce que j’ai trouvé bien de la part de M. Lepage, c’est qu’il a été rencontré les gens de Slav pour s’asseoir avec eux, discuter, pis voir ce qui s’est passé. Malheureusement, il l’a pas fait vraiment, il y a pas eu un post-mortem. Y’a des possibilités d’alliance, mais faut faire attention aussi à l’importance que l’on donne à notre image. C’est une perception, c’est la mienne, je peux me tromper comme je peux tomber en plein dedans.
Miriame : Absolument, pis j’ai été pas mal active, pas mal à l’écoute par rapport à tout ce qui entourait Slav, pis merci beaucoup de mentionner ce que tu mentionnes, que ça s’est produit sensiblement dans la même période, pis que y’avait vraiment une marge définie entre ce qui se produisait pour Slav et ce qui se produisait pour Kanata. D’ailleurs, le fait que tu mentionnes que y’a pas eu de discussion vraiment, c’est tellement pas comme ça que ça été montré dans les nouvelles, c’est justement le contraire a été mentionné dans les nouvelles, que y’a eu une table ronde ou whatever, fait que je suis vraiment contente que cette discussion permette de découvrir que dans le fond, c’est de la marde qui a été dit. Pour revenir un peu à ce que tu disais, c’est vrai, pis c’est tellement dommage, pis comme Joli-Ann l’a dit, puissant est vraiment le mot, fait que je pense que, t’as dit, du genre : « je me demande à quoi ça aurait ressemblé si chacun on était pas resté de notre bord », pis c’est le premier mot qui m’est venue en tête. L’affaire, c’est que… O.K., moi, je pense que, si mettons on en vient à un moment dans nos vies où y’a absolument aucune barrière par rapport aux liens des personnes noires pis des communautés autochtones, pour vrai, on serait invincibles.
Joli-Ann : On aimerait ça vivre un jour dans une société où le terme racisme n’existe pas. Mais on est pas rendu là. Nous, on veut juste, en fait, que tout le monde soit égal. On veut vivre ici sur le territoire en harmonie avec les autres, en harmonie avec la communauté noire, avec les Blancs. C’est pas comme une alliance, mettons, la communauté noire avec la communauté autochtone contre les Blancs, c’est pas ça. C’est qu’on veut favoriser l’égalité.
Miriame : Tu reviendras là-dessus si jamais j’ai pas compris le propos, mais je pense que ultimement, on choisit pas nécessairement d’être dans une lutte, mais à cause du contexte dans lequel nous vivons, ça s’impose un peu de soi-même qu’on doit se battre pour atteindre cet objectif commun de justement vivre sur le territoire de manière collective et harmonieuse. Par contre, je trouve ça important d’apporter la nuance qu’on se bat contre quelque chose, mais on se bat pas contre les personnes blanches. On se bat contre la suprématie blanche. Malheureusement, ça fait en sorte que, veut, veut pas, dans une société où il y a la dynamique oppresseur-oppressé, à cause de tout notre héritage collectif, ben les personnes blanches se retrouvent dans la position d’oppresseur, pis les autres personnes se retrouvent dans la position d’oppressé. Avec ça, j’aimerais rajouter que nous sommes tous le produit de notre société, que ce soit le monde en position d’oppresseur et le monde en position d’oppressé, t’sais, j’entends souvent, il y a des personnes blanches qui vont dire pour se justifier : « ouais, mais je l’ai pas choisi. J’ai pas choisi mes privilèges. » Mais personne l’a choisi. Ça veut pas dit qu’on vit pas ce qu’on vit pis on est pas dans la position dans laquelle on est.
Joli-Ann : Aussi, y’en a beaucoup des personnes blanches qu’elles agissent d’une certaine manière discriminatoire, mais elles s’en rendent pas compte, parce que c’est leur éducation qui fait en sorte qu’elles agissent comme ça, pis toute leur vie elles ont agi comme ça, elles ont jamais pu se remettre en question. Mais si on les éduque, pis on les sensibilise, à la longue, je pense qu’on peut arriver à une société égalitaire.
Miriame : Pis là-dessus, t’sais, j’ai envie de répondre que je trouve que c’est ça qui est beau dans la pluralité des voix, parce que chaque personne va naviguer son militantisme de manière différente, dans la mesure que y’a des gens qui sont plus drivés par prendre la parole dans les places publiques, organiser des protests, d’autres personnes que leur vécu, c’est l’art, ou ce genre de trucs-là, pis y’en a d’autres que c’est vraiment d’un point de vue éducationnel.
J’aimerais aborder un autre type de colère. Plus tôt, Joli-Ann, t’as mentionné que t’as navigué les centres jeunesse, moi, personnellement, j’ai aussi eu mon expérience avec la DPJ, pis ma relation avec ma mère est vraiment, on pourrait dire qu’elle est toxique, pis c’est récemment qu’elle l’est de moins en moins. Je sais qu’au fur et à mesure, surtout quand j’étais plus jeune, y’a un moment où j’étais vraiment en colère, j’avais beaucoup de colère envers elle, même qu’à un certain point, je la « démonisais », pis c’est en embarquant dans mon processus de politisation pis de lecture que je suis venue à un point que j’ai réalisé que je pouvais ressentir toutes sortes d’affaires envers ma mère, mais que la colère pouvait pas être une de ces choses-là, parce que t’sais, j’ai fini par réaliser que ma mère, elle est juste une femme noire traumatisée parmi tant d’autres. Par rapport à vos expériences personnelles, je voulais savoir un peu c’était quoi votre processus, s’il y a eu, par rapport à ce type de colère-là, par rapport à nos relations avec nos parents, nos mères et nos familles.
Maya : Ben c’est sûr que moi, de par l’adoption, y’a resté un sentiment de, je me sentais pas incomplète parce que je savais qui ils étaient, fait que cela a aidé dans ma relation avec le fait que j’ai été adoptée, j’étais pas en manque de quelque chose, je savais d’où je venais, je savais qui ils étaient. C’est vrai que pendant un certain temps, j’avais une relation tendue avec ma mère innue parce que, dans ma tête c’était quelqu’un qui était assez nomade et qui tenait pas beaucoup ses promesses. J’avais aussi mon père innu, que je connaissais également et qui, à l’époque, avait un problème de consommation et j’avais une colère envers les deux. Pour mon père, un moment donné, il voulait me rencontrer et me parler, donc je me suis assise avec lui et j’ai vidé mon sac. La colère que j’avais envers lui, ce que je ressentais, mais comme c’est une personne en général assez calme, il m’a écoutée, et il s’est excusé par la suite, pis ça a comme désamorcé la montée de frustration. Malheureusement, avec ma mère, ma mère est morte à l’âge de 67 ans, elle avait été dans les pensionnats et elle en avait jamais sortie, parce qu’elle en parlait tout le temps, pis je crois que vers la fin, elle s’est laissée aller. C’est vers la fin, malheureusement, que j’ai compris qu’elle m’avait fait un beau cadeau, elle m’avait donné la vie, elle m’avait trouvé une famille qui avait quand même réussi, qui était pas parfaite mais qui réussi à m’envoyer aux études et qui a réussi à me garder loin des enjeux d’alcool, de drogues et ces choses-là. Ils ont fait leur gros possible, pis c’est bien. Mais c’est ce que j’ai compris quand elle est décédée aussi, pis c’est comme une espèce de regret que je porte dans ma vie. J’espère juste la voir après, lui partager ça, parce que j’ai peut-être passé à côté d’une amitié intéressante. Voilà pour moi.
Miriame : Merci de partager ça avec nous. Joli-Ann?
Joli-Ann : Moi, c’est sûr qu’en vivant dans les centres jeunesse, j’ai vécu vraiment le sentiment d’abandon. Mon père était alcoolique. Quand il buvait, il était extrêmement violent, fait que j’ai vu ça de mon père. Ma mère, elle, elle a eu des moments où est-ce qu’elle me prenait pu, parce que j’ai un frère et j’ai une sœur aussi, pis elle venait plus nous chercher. On avait droit à des visites, pis elle nous a complètement abandonné. J’en ai voulu beaucoup à ma mère étant adolescente. C’est pas pour rien que je me suis ramassée dans des centres jeunesse avec des intervenants pis j’ai même fait des centres fermés. J’en voulais tellement à ma mère de m’avoir abandonnée, pis t’sais, j’étais dans l’incompréhension, sauf que quand j’ai grandi et que je me suis indignée et que j’ai compris mon histoire, t’sais, ma mère, à l’âge de 9 jours elle a été abandonnée à l’hôpital, pis c’est une famille de Blancs qui sont venus la récupérer pis qui l’ont éduqué, c’était sa famille, en fait. Elle a vécu des abus dans cette famille-là, aussi. Je comprenais pas, pis c’est vraiment en grandissant que j’ai pu apprendre à lui pardonner et à me pardonner de cette colère-là, parce que étant adolescente, je pétais des coches. Aujourd’hui, ma mère, c’est devenu ma meilleure amie, je peux tellement me confier à elle, on se comprend, pis on reconnecte avec notre culture ensemble. On va dans notre communauté, on va dans les Pow Wow, je l’ai amené dans un Pow Wow l’année passée, c’était la première fois, c’était tellement puissant. J’ai vraiment la chance de reconnecter avec ma mère pis de me guérir, aussi.
Miriame : Ça fait tellement plaisir d’entendre ça, honnêtement. Je voulais aussi, Joli-Ann, savoir comment cette colère et le processus de cette colère, ta relation avec ta mère, comment ça impacte ton rôle de maman et ta relation dans ta parentalité avec ton fils.
Joli-Ann : Ah, ça c’est sûr que c’est une bonne question.
Miriame : Vous êtes jamais obligées de répondre aux questions, hein.
Joli-Ann : Non, mais je vais répondre. C’est sûr que la colère, comme j’ai dit au début de l’entrevue, c’est quelque chose que, pour moi, j’ai de la difficulté à la gérer, pis mon fils, il en a écopé beaucoup. Là, j’essaie de vraiment prendre conscience de ça, j’essaie de me donner des outils, aussi, parce que des fois les conséquences, oui, la colère, c’est une émotion qui est importante à vivre, mais des fois c’est ce qu’on en fait de cette colère-là. Parce qu’en réalité, la colère, ça dure pas longtemps, c’est quand on l’alimente, qu’on se met à augmenter une pensée, c’est là que je pense que ça peut durer des années, pis que ça peut nous sombrer dans l’alcoolisme comme mon père, comme moi aussi c’est ce qui m’est arrivée. C’est en nourrissant cette colère-là, pis là, mon fils, en étant maman, c’est sûr que je me rends compte des impacts, pis c’est sûr que j’essaie de lui montrer que c’est une émotion qui est importante, mais qu’il faut qu’on apprenne à la gérer pour pas qu’elle vienne impacter nos vies.
Miriame : Oui, pis c’est difficile, pis pour vrai, moi je te lève mon chapeau, parce que même si t’as encore de la difficulté avec cette colère-là, juste d’être capable de le dire, de la nommer, c’est déjà un énorme step, un énorme pas, pis en plus, d’en parler de manière aussi honnête et transparente, dans un podcast qu’on sait pas qui qui va écouter ça, pis des fois, c’est tough de s’auto-donner le crédit auquel on a droit, fait que moi, je veux prendre le temps de te donner ton crédit de ça. Je trouve que de la manière que tu t’exprimes, ça parait aussi, parce que c’est facile de dire des mots, mais de ma perception, ça se voit que c’est quelque chose qui est vraiment important pour toi, pis quelque chose que tu dis pas juste pour le dire pis que c’est quelque chose que tu navigues. Encore une fois, merci de le partager.
Sinon, je vais jumper tout de suite la prochaine question. À la base, je suis quelqu’un de vraiment spirituel, pis je communique beaucoup avec les ancêtres dans ma pratique, pis quand je le fais, je prends toujours le temps de remercier les ancêtres autochtones du fait que je vis sur la terre dans laquelle je vis, pis pour reconnaître toutes les choses auxquelles ils ont dus faire face et auxquelles les communautés autochtones doivent faire face encore aujourd’hui, pis un moment donné, je suis allée en Tunisie, pis c’était vraiment étrange, parce que je me sentais très connectée avec les ancêtres de là-bas, autant qu’avec mes ancêtres aussi, pis dans mon imaginaire, moi je pense que tous les ancêtres sont ensemble pis sont en train de chiller pour nous supporter pis nous accompagner. Dans le fond, je me questionnais à savoir où vous vous situez par rapport à ce concept-là, parce qu’on a beaucoup parlé de lier nos communautés par la solidarité, pis je me demandais si vous pensez que c’est quelque chose de faisable d’un point de vue spirituel pis à quoi ça ressemblerait si ça se faisait. Je vous ai amené ailleurs !
Joli-Ann : Moi, j’adore l’idée que nos ancêtres sont en train de chiller ensemble. Pour vrai, dans ma vie, depuis que je me suis reconnectée avec ma culture, pis je demande souvent à mes ancêtres de me donner la force, je suis moi aussi spirituelle, ça me donne vraiment une force pis une résilience de pouvoir me connecter avec mes ancêtres, comme quand je m’en vais dans, je chante pas beaucoup, mais ça m’arrive de chanter avec des groupes, on chante en remerciant nos ancêtres, pis j’aime vraiment l’idée, je trouve que c’est une bel outil qu’on peut se donner en tant qu’être humain, d’avoir conscience qu’il y a des gens qui veillent sur nous, qui nous donne la force et la résilience pour continuer.
Miriame : Pis un peu plus tôt, je me souviens plus dans quelle question, t’avais mentionné, je pense qu’on surfait un peu sur la question de croyance, pis t’avais dit que y’avait beaucoup de ressemblances, pis pour vrai, dans le cœur des croyances ancestrales, que ce soit celles des communautés autochtones ou celles des communautés noires ou africaines, y’a vraiment beaucoup de choses, je pense que the roots are really similar. Pis dans le processus chacun comme de l’autre de nous déshumaniser pis de nous détacher de notre identité, y’a cet aspect spirituel-là aussi qui nous a été arraché. Si je fais un parallèle avec le vaudou dans la communauté haïtienne, mes parents et mes grands-parents ont appris quelque chose, pis au fil des années, ça a fait en sorte que moi, ce que j’ai appris par rapport au vaudou, c’est que c’était quelque chose de mal pis qu’il fallait en avoir peur, tandis qu’aujourd’hui, quand je le lis pis que je l’étudie, c’est des croyances tellement profondes pis ancestrales que, t’sais comme toi, moi je pense que c’est quelque chose de puissant, que j’ai de la misère à pas imaginer que dans le monde des esprits, que ce soit aussi divisé qu’ici. C’est un peu étrange. Sinon, Maya, qu’est-ce que t’en penses, de tout ça, où tu te situes?
Maya : Premièrement, moi je suis de la génération qui a grandi sous la crise d’Oka, la génération des enfants des enfants qui ont sortis des pensionnats et j’ai grandi aussi dans la société québécoise, fait que cela a fait de moi quelqu’un qui est très, pas critique, mais prudente, parce qu’à Mingan, tu vas demander à un aîné de faire une prière, il va dire le Notre Père en innu. Les aînés, chez nous, sont très attachés à la religion catholique. Moi, le curé chez nous, c’était une ordure, pis je le dis librement.
Miriame : As you should!
Maya : (Rires) C’est une personne qui se prenait pour une autre, qui était arrogant et qui a été reconnu pour avoir abusé des gens. Mais bon… Par la suite, je fais attention quand il y a des aspects de la spiritualité autochtone qui arrivent. Je suis prudente dans le sens où il y a une grande influence, des fois, des principes des autres religions catholique, baptiste et tout ça, qu’on peut peut-être retrouver dans certaines choses de la spiritualité autochtone. Faut pas juste se décoloniser dans nos pratiques pis au travail, faut se décoloniser pour des bonnes raisons. Pas juste se diviser de l’autre, mais pour revenir à la source, à l’essence de certaines choses auxquelles on tient. J’ai senti, un moment donné, une grande colère face à religion catholique, quand j’ai vu Indian Horse au cinéma. Souvent, mes poèmes les plus percutants, c’est les poèmes que j’ai écrits en cinq minutes. Y’en a un qui s’appelle Colère biblique, je vais vous le lire, il est pas très long :
Je préfère mourir païenne que de crever bénie
Garde ta bible, elle me brûle
Joli-Ann : Wow, j’ai vraiment des frissons!
Maya : Pour ce qui touche aux ancêtres, ou aux relations, moi, veut, veut pas, j’ai toujours les deux mondes qui se mêlent, et mon grand-père québécois, c’est le Jack Monoloy de la chanson de Gilles Vigneault, et ma mère m’en parlait beaucoup, ma mère québécoise, elle m’en parlait en termes élogieux, c’était, en fait, il était pas Indien, c’est un descendant d’immigrants irlandais, et à l’époque, on va se dire dans les années 1920, 1930, à peu près, il était agent des Indiens pour ma communauté, pis quand on dit agent des Indiens, c’est jamais positif, ça sonne jamais positif dans une communauté, parce que leur job, c’était d’appliquer la loi sur les Indiens dans les réserves. Mais mon grand-père, John Maloney, parlait innu, pouvait le lire et l’écrire, et il était ami avec mon grand-père, Sylvestre Mollen, qui était chef à l’époque, et il venait le visiter et tous les deux parlaient en innu, ils faisaient des blagues sur le fait d’essayer de renverser le gouvernement. Pour moi, y’avait une certaine amitié à cette époque-là qui aujourd’hui, avec la division des institutions, qu’on retrouve peut-être moins, mais c’est un souvenir positif que je garde et que j’évoque aussi dans mes conférences, autant, pour pas mettre les Québécois sur la défensive, c’est des Québécois qui sont intéressés à créer des liens avec nous, mais créer des liens au niveau culturel.
Miriame : C’est vraiment une belle image, celle de tes deux grands-papas. Ça tire à sa fin, il me reste quelques dernières questions. Maya, on a mentionné ton écrit, d’ailleurs, merci beaucoup pour la lecture. Me semble que lui, y’est dans ton premier recueil, n’est-ce pas?
Maya : Oui, premier recueil, p.56.
Miriame : En t’écoutant le lire, ça a comme résonné. T’sais, la colère, on a beaucoup parlé d’à quel point faut faire attention pis ça peut être dangereux si on sait pas comment la naviguer, mais y’a aussi l’aspect que la colère, ça peut être extrêmement guérisseur. Cette question-ci est pour toi, Maya : personnellement, en lisant ton recueil, j’ai trouvé que c’était vraiment pertinent pis y’a plusieurs textes que j’ai du relire une ou deux fois pour vraiment bien l’absorber, pis le truc qui m’a le plus marquée, c’est que je trouve qu’il y a une belle relation et un dialogue entre une certaine douceur, la douceur de la guérison, pis la brutalité qui peut venir de la colère. Quand je parle de colère guérisseuse, je trouve que ce recueil-là est un super bon exemple de ça. Moi, personnellement, quand je le lisais, j’étais en mesure de ressentir cette colère-là, mais c’était pas une colère envahissante, c’était une colère vraiment saine. Dans le fond, j’aimerais ça que tu nous parles de ton parcours, de la genèse de ce recueil, pis aussi, j’aimerais savoir si il y a eu une Maya et la vie de Maya avant ce recueil, et Maya et la vie de Maya après de recueil.
Maya : Pour répondre à ta dernière question, oui, parce que ça fait 20 ans qu’on me demande quand je vais publier mon recueil. Moi, j’ai l’âge vénérable de 46 ans. J’étais, dans les débuts, quand on a commencé au Québec à s’intéresser à la littérature autochtone, j’étais amie avec Maurizio Gatti, qui a fait sa maîtrise et son doctorat sur la littérature autochtone francophone. En fait, il est arrivé à l’université Laval en 1996, pis il a dit, bon, je vais aller à la bibliothèque et m’informer sur la littérature autochtone. Fait que y’arrive là, pis il demande où est le rayon de littérature autochtone. Il se fait répondre : « Ben, ils écrivent pas ces gens-là. » Ça l’a tellement piqué au vif, en 1996, six ans après la crise d’Oka, ce qu’il a fait, il a pris son sac à dos et y’a été visité les quarantaines de communautés autochtones au Québec pour connaître les gens, leur expliquer son travail et créer des liens de confiance. C’était moins pire parce que c’était un italien, c’était pas un canadien ou un québécois, donc ça a aidé un peu dans la création des liens pis dans l’intérêt envers lui. Il a réussi à créer une anthologie d’auteurs autochtones francophones et à faire émerger, en travaillant avec des gens de Wendake, la littérature autochtone, donc salon du livre et tout. Il m’avait approchée pour mes textes, il avait entendu parler que j’écrivais… d’ailleurs, j’écris depuis l’âge de 14 ans. J’avais cumulé des textes et j’avais publié dans des collectifs et des revues littéraires, et dans l’anthologie de Maurizio. On me demandait : « C’est quand que tu vas sortir ton recueil? » J’ai jamais été pressée, parce que tu vis pas de la littérature, premièrement, mais j’ai jamais été pressée jusqu’en 2019, quand je me suis retrouvée chez EVOQ architecture, parce que c’était un endroit où j’avais pas besoin de me battre. C’était un nid, un repère où je me sentais bien, parce que quand on travaille dans les organisations autochtones, dans les ministères, dans les organisations péri-gouvernementales, on est toujours dans une situation soit de justifier sa présence, de se battre pour du financement, de se battre pour la cause des femmes, des Innus, des Atikameks, etc., et t’es toujours sur le pied d’alerte, t’es jamais vraiment détendue. Même entre nous, j’ai travaillé dans des organisations autochtones, pis on travaille avec des gens qui sont encore toxiques, qui sont pas encore guéris du traumatisme des pensionnats et qui transfèrent ces douleurs-là aux autres gens. Éventuellement, ça va s’améliorer, je peux pas croire. Quand je me suis retrouvée chez ÉVOQ architecture, qui est une firme d’architectes qui travaille depuis 40 ans avec les communautés autochtones, qui est composée d’Haïtiens, de Québécois, de Vietnamiens, de tout, d’ailleurs, on est deux Innus à travailler là, je me suis retrouvée dans un lieu où je n’avais plus à justifier ce que j’étais. J’avais pas à courir après du financement, mon travail, c’était de travailler à la sensibilisation auprès des chargés de projets, des architectes sur la connaissance des communautés pour éviter des impairs au protocole, parce que chaque communauté a ses protocoles écrits et non-écrits, pis je devais aussi faire connaître la philosophie de la firme aux communautés. C’est un travail super intéressant, donc j’étais pu en mode survie, fait que j’ai pu me consacrer à mon écriture et travailler à mon recueil, pis je l’ai sorti en 2019. J’avais aussi une bonne correctrice qui m’a bien guidée dans la révision de mes textes. Je pense que j’ai bien fait d’attendre, parce quand il a sorti, il a gagné un prix, le prix Voix autochtones au Canada, ex aequo avec Marie-Andrée Gill, en poésie de langue française. J’ai vraiment été contente! Ce recueil-là a été longtemps mijoté, longtemps réfléchi et j’aime comment il sort. Je voulais pas non plus juste profiter, ah, je suis autochtone, je peux sortir n’importe quoi, on va me lire. Non, je voulais sortir quelque chose qui valait quelque chose pour moi, qui parlait beaucoup de ce que je ressentais, des causes qui me tiennent à cœur, et aussi de la beauté, parce que y’a pas juste des poèmes colériques dedans, il y a des poèmes qui sont doux, qui sont parfois tristes, mais y’a toutes sortes de textes dans ce recueil-là. Donc, quand ça est sorti, c’est sûr que la demande pour faire des lectures, participer à d’autres salons du livre, faire des conférences… ça a amené un autre aspect de la littérature que je connaissais moins, mais que je trouve super intéressant. Je devais, juste avant que la pandémie commence, je devais aller donner une tournée de conférences en Italie dans cinq universités. C’est sur la glace jusqu’en 2022, heureusement. Pis là, en théorie, en mars, je dois aller aussi participer à des conférences-ateliers en France également, par rapport à mon recueil de poèmes. Donc, il y a un avant et un après, pis c’est sûr que ça a eu un impact sur mon cheminement et la poésie va toujours être spéciale pour moi. Ça va toujours être un chemin de libération, en fait, parce que je dis souvent que mon bonheur, je le vis, mais mon malheur, ma mélancolie, je préfère l’écrire. Je pense que c’est Victor Hugo qui disait que la mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. Des fois, on aime ça quand il fait gris, on s’ennuie d’une histoire d’amour qui a pas marché, pis là, d’être dans un café, pis de soupirer de manière complètement inutiles… (Rires)
Joli-Ann : (Rires) Oh, mon Dieu!
Miriame : Devant la fenêtre, avec les gouttes de pluie!
Joli-Ann : Je pensais que j’étais la seule qui aimait ça!
Maya : (Rires) Y’a beaucoup de monde!
Miriame : C’est vraiment cool d’entendre tous ces beaux projets pour toi, pis écoute, tant mieux que tes écrits circulent autant parce que c’est tellement important, pis c’est tellement honnête, pis je trouve que tout le monde gagne à lire ce recueil pis tes textes. Pis merci d’avoir fini par le publier! Merci d’avoir décidé d’embarquer dans l’univers de l’écriture pis d’être auteure, parce que t’aurais très bien pu te dire « Ça ne me tente pas! », pis c’est pas ça qui est arrivé, pis tant mieux pour tout le monde! Sinon, Joli-Ann, je me tourne vers toi… Là, on va pas faire semblant que t’as pas fait O.D. On va pas faire semblant qu’O.D., c’est problématique en esti. Moi, quand j’ai appris que la production t’avait appelé pour te demander du labeur émotionnel gratuit, j’étais sur le cul. Par rapport à O.D. et tout, tu le mentionnais, je l’ai écouté et tout, y’a aussi l’épisode de Woke or Whateva que je conseille à tout le monde, leurs analyses sont tellement…
Joli-Ann : Écoute, il m’a fait tellement du bien ce podcast-là, pour vrai, quand je suis sortie, c’est une autochtone qui m’a écrit sur Instagram, parce que j’étais tellement déstabilisée, je me sentais pas bien, je me sentais pas comprise. En allant à O.D., j’ai vraiment réalisé que j’étais une femme racisée, pis que pour vrai, j’ai réalisé à quel point je vivais de la discrimination. Ce podcast-là m’a fait extrêmement du bien, parce que je me suis dit, ayoye, y’a des gens qui ont vu ce que j’ai vécu, qui ont mis des mots sur mes sentiments.
Miriame : À toute personne qui écoute en ce moment, que vous ayez suivi O.D. ou pas, je vous conseille d’aller écouter cet épisode parce que ça aborde des thèmes vraiment importants pis tellement justes. Ces filles-là sont juste, like… je sais même pas comment le dire. Sont on point sur tout ce qu’elles font. Shout out à Woke or Whateva. D’ailleurs, justement, tu mentionnais comment, en faisant O.D, t’as réalisé que t’étais une femme racisée, pis une chance que Rashida pis toi vous avez pu vous retrouver, parce qu’honnêtement, juste de m’imaginer… je suis comme Oh my god, pour vrai. T’sais, cette colère particulière qu’on aborde par rapport au fait d’être des femmes racisées pis sachant que vous aviez pas vraiment le contrôle de votre image pis que cette image-là pouvait être instrumentalisée pour ce narratif, ce qui est arrivé, d’ailleurs, que ce soit conscient ou pas, c’est ce qui est arrivé, je voulais que tu me parles un peu de ton expérience à naviguer O.D., mais vraiment d’un point de vue de comment t’as navigué cette colère et cette frustration d’être une personne racisée, mais dans un endroit avec tellement de triggers.
Joli-Ann : À chaque fois que j’arrivais pour donner, moi je m’exprimais, comme je l’ai dit tantôt, j’ai pas peur de m’exprimer, je dis mes points, pis à chaque fois, mon point était invalide. De toujours se faire invalider, ça devenait vraiment frustrant. Pourquoi quand moi pis Rashida on disait quelque chose, là, non, c’était pas correct? Les filles, elles se mettaient en groupe, elles étaient quatre contre moi pis Rashida, pis on disait une affaire, pis non, c’était invalide, pis quand on se fâchait, on avait pas raison de se fâcher. Honnêtement, quand j’ai regardé les épisodes, j’ai été vraiment déçue de l’image qu’on a mise de moi, parce qu’on a vraiment ciblé les moments où j’étais toujours fâchée. T’sais, en train de pogner les nerfs, en train de parler fort, pis y’ont pas montré les moments où j’étais vraiment empathique envers les autres filles, que je consolais, que je prenais les filles dans mes bras… y’ont pas montré ce côté-là de moi, pis j’ai vraiment trouvé ça dommage. En même temps, je pense que c’est un travail que la production a à faire, peut-être, d’être plus sensibilisée, pis t’sais, ils m’ont appelée, la production, comme j’avais dit dans un autre podcast, ils m’ont appelée, ils ont dit : « Ouais, est-ce que tu trouves qu’on a été racistes? » T’sais, je vais pas les accuser directement de racisme. Je leur ai répondu d’être plus sensibles à notre réalité.
Miriame : Pis là, on est entre nous, on peut se le dire, là… on le sait, on veut pas le dire devant eux, mais on le sait.
Joli-Ann : Je sais pas quand vous avez vu aussi comment j’ai réagi quand Rashida a été éliminée… c’était vraiment, j’étais en panique, pour vrai je me sentais seule au monde. C’était incroyable, c’est comme si je perdais ma seule alliée, ma bouée. J’étais vraiment destabilisée.
Miriame : Je pense que toutes les personnes, les femmes racisées qui ont écouté O.D. et qui ont vu Rashida partir, je pense qu’on a toutes été genre… Oh shit. Je pense qu’on a toutes un peu ressenti le sentiment que t’as ressenti, pis qu’on était Oh my god. Tu parlais de comment tout ce que vous disiez était tout le temps invalidé, pis plus tôt on a mentionné comment les structures sociales pis les comportements oppressifs c’était sournois, pis ça c’est un exemple excellent parce que, je pense pas que les filles se sont parlées en disant : « Ah, on va toutes se mettre contre elle. » Ça s’est juste fait naturellement, pis vous avez tout le temps été invalidées sans consensus.
Pis pour terminer, j’ai une question bonus pour vous deux! Si vous pouviez parler à jeune ado-enfant Maya ou Joli-Ann par rapport à la colère, qu’est-ce que vous aimeriez vous dire?
Joli-Ann : C’est vraiment une bonne question. Moi, je prends souvent des photos de moi quand j’étais jeune, j’en ai une que je me colle et que je prends soin de la petite Joli-Ann, pour moi c’est une manière de me guérir. Mais d’aborder le sujet de la colère avec la petite Joli-Ann, je pense que je lui dirais que c’est important de la vivre, parce que pour vrai, la colère, ça m’a fait vraiment grandir en tant qu’être humain, en tant que femme autochtone, pis ça m’a permis d’aller chercher les vraies informations, d’où je venais, l’indignation, comme on disait.
Miriame : Fait que dans le fond, de pas avoir peur de cette colère et de l’embrasser. Juste rapidement, faire du pouce sur ce que t’as dit par rapport aux photos, c’est drôle parce que je lis beaucoup de livres sur le radical self-care, pis aussi je me suis tirée aux oracles pour le nouvel an, pis ça parlait de mon inner child, pis un des exercices concrets, c’est de regarder des photos de toi quand t’étais enfant, ou de revisiter des jeux ou des activités que t’aimais faire, pis de vraiment consciemment connecter avec ton enfant intérieur. Fait que clairement, que tu regardais des photos de toi et tout, ça m’a fait penser à ça. Maya, qu’est-ce que t’aurais aimé que Maya jeune entende par rapport à la colère?
Maya : Étant enfant, j’ai ressenti beaucoup de colère, ça c’est sûr. J’aimerais peut-être lui expliquer que les sentiments qu’elle a envers sa mère innue, ben, ce serait peut-être à retravailler, à revoir, à faire attention. De prendre la chance d’aller vers elle. Du côté de ma famille adoptive, c’est un autre cheminement, parce que ma mère adoptive prenait de la médication pour son cœur et c’était mal géré, donc ça la rendait agressive et c’était pas facile pendant cette période-là. Ma mère adoptive m’a toujours aimée, c’est sûr qu’ils ont fait des gaffes, tout le monde en fait, c’est juste vers la fin de sa vie qu’elle a commencé à changer son regard sur moi quand on l’a accompagné dans des grosses opérations, pis tout ça. J’aimerais peut-être prendre le moment, si je pouvais revenir en arrière, m’asseoir avec ma mère deux secondes pis lui dire : « regarde, fais attention à ce comportement-là, à ce commentaire-là, parce qu’éventuellement ça va changer. La société va changer, va évoluer, donc tu devrais peut-être porter plus attention à ça, ou m’encorager plus là-dedans au lieu de bla bla bla. » Donc, voilà.
Miriame : Merci tellement d’avoir accepté de participer, je me sens vraiment choyée d’avoir vécu ça avec vous. Merci de votre belle honnêteté et authenticité pis d’avoir été aussi généreuse avec vous-mêmes. Encore une fois, conclure sur vous lever mon chapeau pis vous donner la reconnaissance que vous méritez d’avoir pis par rapport à vos cheminements pis vos apprentissages que vous continuez de faire, pis pour vrai, merci beaucoup!
Segment 3 : Retour sur l’entrevue avec Laurie et Alexandra
Laurie : Euh, allô? C’est parce que nous aussi, on a des affaires à dire sur la colère!
Alex : Ouais, on est comme fru.es de pas pouvoir dire les affaires qu’on voulait dire sur la colère!
Laurie : C’est pas vrai, c’était vraiment intéressant!
Alex : Merci tellement Miriame Gabrielle, Maya et Joli-Ann pour la conversation que vous nous avez offerte. Je me sens full privilégiée d’avoir pu entendre, écouter ça pis réfléchir à ça avec vous. Je trouve ça vraiment beau comment la colère a été abordée dans ce qu’elle a été abordée dans ce qu’elle a de puissant, de beau et de canalisatrice, mais aussi dans ce que ça peut avoir de plus difficile dépendamment de la façon dont on agit face à cette colère-là, entre autres dans nos relations avec les autres pis dans nos relations envers nous-même, qu’est-ce que ça peut avoir d’autodestructeur. En tout cas, ça a beaucoup alimenté mes réflexions :
Laurie : Moi aussi, vraiment beaucoup, pis j’ai eu la chance d’être là pendant l’enregistrement. Allez écouter sur le patreon, si vous voulez, ça a duré une heure et demi finalement cette conversation-là, pis c’était tellement riche. Moi, ça m’a fait vraiment du bien de m’asseoir pis d’écouter et de voir de quelle façon cette colère-là pouvait être vécue par des gens qui sont discriminés ben plus facilement que moi, mais justement, à quel point cette colère, qui est encore plus grande, à quel point elles sont capables de se construire autour de ça… En tout cas, c’est juste vraiment intéressant, allez l’écouter.
Alex : Bravo! Mais là, on a d’autres affaires à dire que de pitcher des fleurs, même si on pourrait continuer à le faire pendant des heures, mais on avait des œuvres et des livres à recommander par rapport au thème de la colère pour conclure l’épisode d’aujourd’hui. Laurie, veux-tu commencer?
Laurie : Ben moi, la première fois que j’ai relate à la colère qui était montrée dans une œuvre, je pense que j’étais au secondaire, j’avais mes règles depuis pas longtemps et j’étais complètement terrorisée par les tampons parce que ça m’avait fait trop mal, pis les serviettes sanitaires, ça m’irritait la noune, comme on dit à cause de l’humidité. Autour de moi, tout le monde riait des coupes menstruelles parce que c’était hippie et c’était donc dégueulasse, fait que y’avait comme pas de solution pour gérer mes règles, et là, j’ai vu une pièce de théâtre, Les monologues du vagin d’Eve Ensler, qui avait été jouée au cégep de St-Félicien. Y’a une scène où il y a le vagin qui est en beau tabanac de jamais être pris au sérieux pis que personne se soit jamais questionné à lui donner un peu de douceur en période de règles ou de pap test et compagnie, pis ça m’avait vraiment, c’est la première fois que je me rappelle de me dire : « Heille, moi aussi je suis ben frue de ça! » Parce que la colère, c’est une émotion que j’ai tendance à ne pas vraiment vivre ou qui se transforme en deux secondes en tristesse pis moi qui braille en boule, triste d’avoir été fâchée, mais cette fois-là, j’ai été vraiment fâché.e. Cette pièce-là, c’est pas ultra trans inclusif parce que c’est écrit du point de vue de femmes cis, mais au final, c’est des histoires de vagin, pis y’a ben du monde qui en a, donc ça pourrait l’être en deux secondes. C’est quand même une bonne pièce. Je l’ai relu pour l’occasion pis je trouve ça quand même bon.
Alex : C’est vrai que c’est fâchant tout ce qui a trait à comment on délégitimise cette douleur, pis tout ce qui a à trait au vagin. Frue!
Laurie : (Rires) Sinon, j’ai envie de vous mettre sur la piste du livre Libérer la colère, qui a été fait sous la direction de Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy, qui est sorti aux Éditions du Remue-Ménage, qui me semble vraiment intéressant dans la façon dont c’est découpé, les différents types de colère qui vont aller chercher avec une panoplie d’auteur.es de background complètement différents. Je l’ai pas encore lu, je suis désolé.e de vous suggérer quelque chose que je n’ai pas lu, mais je pense vraiment que ça vaut la peine. Ça fait plein de fois que les gens me disent : « Il faut que tu lises ça! » I guess, prenons le risque ensemble.
Alex : Prenons le risque! Moi aussi, j’ai un livre à recommander, ça s’appelle Good and Mad, c’est écrit par Rebecca Traister qui est une journaliste américaine. C’est un livre sur le pouvoir révolutionnaire de la colère, vraiment en lien avec le féminisme pis avec les différentes vagues de mouvements féministes, principalement aux États-Unis, mais la réflexion derrière est super intéressante et peut être agrandie. Dans le fond, le livre est paru en 2018, vraiment pas longtemps après la grosse vague de Me Too de 2017 dans le milieu du cinéma, pis c’était vraiment un milieu où la colère par rapport au sexisme prenait une place impressionnante pour la génération qu’on est pis qu’on était à ce moment-là, dans l’espace public, la colère face au sexisme prenait une place qu’on avait pas vu depuis super longtemps. L’autrice, Rebecca Traister, parle beaucoup du traitement différencié qu’on accorde à la colère selon le genre, mais aussi selon si on est une personne blanche ou non et selon nos différentes couches d’identité. C’est vraiment super intéressant. Elle parle, entre autres, Miriame en parlait dans l’épisode tantôt, du stéréotype de la angry black woman, qu’on utilise pour délégitimiser une femme noire dès qu’elle exprime une émotion autre que la politesse et la gentillesse. Elle parle de la colère qu’on peut avoir envers le patriarcat, mais aussi envers les hommes, autant les hommes puissants que ceux qu’on aime dans notre vie, pis ça m’a fait penser beaucoup aux réflexions qu’on a eues dans l’épisode 3 par rapport à comment ça peut être difficile de pas être fru.e contre du monde, même si on les aime, qui ont des privilèges qu’on a pas. Elle fait une espèce de retour historique sur la façon dont la colère a été canalisée dans différents mouvements sociaux féministes, entre autres, mais aussi les mouvements des droits civiques dans les années 1960 aux États-Unis, le mouvement des Suffragettes avant ça, etc. J’ai trouvé ça vraiment intéressant comme livre, c’est vraiment axé sur le contexte américain, mais je le recommande, c’est une bonne réflexion.
Laurie : Yay! Voilà, c’était nos petites suggestions!
Segment 4 : Le mot de la fin
Miriame : C’est ce qui conclue cet épisode de ToutEs ou pantoute. On se reparle dans deux semaines pour entamer le bloc d’épisodes sur la spiritualité et le féminisme. Mais d’ici là, je veux savoir, quand t’es allé.e t’asseoir sur ton sofa pis que t’as réfléchi à la place qu’occupe dans ton imaginaire et l’imaginaire collectif la colère des femmes noires, autochtones et racisées, t’sais quand t’es allé.e faire ça, à quoi t’as pensé ? En tout cas, on a le goût de vous entendre pis de vous lire, donc gênez-vous pas pour nous écrire sur nos médias sociaux, on s’appelle ToutEs ou pantoute, pis on est sur Instagram pis sur Facebook, pis on a même un courriel, toutesoupantoute@gmail.com.
Aussi, on vous invite à nous écrire si vous pensez qu’on peut s’améliorer d’une quelconque manière. C’est quoi nos angles morts ? Qui on oublie, qu’est-ce qu’on oublie ? Hésitez pas à nous aider à être meilleur.es, on est pleines de bonne volonté pis on sait ben que nos connaissances sont pas à la veille de la perfection. Si vous avez une passion, un talent, une expertise, pis que vous aimeriez partager, écrivez-nous ! On sait pas dans quelle mesure on va pouvoir vous mettre sur la map, mais on va essayer ! On veut vous connaître et on est toujours à la recherche de nouveaux sujets, et de personnes de tous horizons pour en parler avec nous en ondes.
Merci à moi, parce que je suis vraiment drôle pis que je suis fucking chill. Non mais sans blague, merci à Elyze Venne-Deshaies pour les brand new jingles, avec Christelle Saint-Julien à la harpe et Henri-June Pilote aux percussions et Marie-Frédérique Gravel au mixage et mastering. Merci à Odrée Laperrière pour notre visuel, merci à Cassandra Cacheiro pour les photos, à Marin Blanc pour notre graphisme, merci à Marie-Ève Boisvert pour le montage, Maïna Albert pour l’habillage sonore, merci à Ève-Laurence Hébert pour la coordination et Melyssa Elmer à la gestion de médias sociaux. Merci à Émile Perron et Catarina Wieler-Morin pour notre site web. Merci à Émilie Duchesne pour la transcription des épisodes. Merci au Conseil des arts du Canada de son soutien, et finalement, merci à vous autres d’avoir joué avec nous ! Et merci à Laurie et Alex qui se disent jamais merci. O.K., bye !
(Générique de fin)
Fin de l’épisode